L’approche critique de Valentin Defaux se propose de mettre en perspective le système complexe de modélisation qui a permis les conclusions du rapport Meadows, sous la forme d’un jeu de plateau. Dans le sillage de Guy Debord qui en 1977 conçoit sa version du jeu Kriegsspiel en reproduisant l’ensemble des rapports stratégiques et tactiques de la guerre selon le traité du général Clausewitz. Le world3 Boardgame de Defaux réunit l’ensemble des facteurs et des interactions qui caractérise l’humanité sous forme de pièces manipulables : la population globale, le capital industriel, les ressources naturelles, etc.
Face aux diverses éventualités qu’ils sont prêts à envisager, les participants décident d’une stratégie à adopter et placent leurs pions en conséquence. L’artiste présent au cours de la partie fait office de preneur de paris. À titre d’exemple si l’on opte pour la perpétuation de la croissance elle conduit à l’effondrement du niveau de vie en raison de l’absence de ressources naturelles. A l’inverse, si l’on postule que les ressources sont illimitées, c’est l’explosion de la pollution qui provoque une pénurie des récoltes et la famine au sein de la population ; et ainsi de suite. L’issue du jeu est dépendante d’une analyse juste de la situation concrète dans laquelle se situe le joueur. Avec une habileté brechtienne, Valentin Defaux fait en sorte que la prise de conscience des enjeux du rapport Meadows naisse non d’un prêche ou d’un argumentaire, mais de l’acte de jouer lui-même.